Vumètre – mai juin 2022

Neodio Origine A2

par Vincent Guillemin

Il aura fallu cinq ans de recherches pour faire passer l’unique amplificateur intégré de la marque bordelaise Neodio en mode evo. Les évolutions concernent principalement deux points, qui permettent d’améliorer l’Origine A2, déjà remarqué pour son équilibre et sa pureté, chevaux de bataille d’un fabricant dont la spécificité est de supprimer au maximum les vibrations parasites d’un système. De son châssis mixte aux technologies internes éprouvées, en passant par les inévitables découpleurs Neodio Origine B1 en guise de pieds, l’Origine A2 evo gagne le combat dela stabilité contre les bruits pour délivrer un son musical, équilibré et clair sur l’intégralité du spectre.

Le Neodio Origine A2 evo est, comme son nom l’indique, une évolution soignée du modèle précédent, Origine A2, présenté en 2016 et dont la majeure partie des technologies est maintenue dans le nouveau modèle. Le but recherché pour cette version 2022 est simple : il a consisté à remettre en cause depuis cinq ans l’amplificateur intégré existant afin d’y apporter des améliorations, dont deux suffisamment substantielles pour justifier l’ajout de la particule « evo » au nom d’origine.

D’un poids maintenu à 30 kg, l’Origine A2 evo cherche et trouve une rigidité à toute épreuve, à commencer par celle de ses supports, trois Origine B1 bien connus, disponibles séparément au catalogue du fabricant pour être placés sous n’importe quelle source ou appareil de haute-fidélité. Le châssis présente une couche extérieure en aluminium anodisé, flatteuse à l’ œil et renforcée à l’intérieur d’une seconde couche en alu, séparée de la première par un viscoélastique, tandis que la résine de méthacrylate, réputée pour sa rigidité et sa résistance aux fortes températures, est implémentée en face arrière. Uniquement disponible en noir, l’appareil est relevé d’une fine bande médiane de cuivre poli pour un design quasi identique à celui du lecteur CD Origine S2, sauf pour l’écran de 700 LEDs blanches, ici placé au milieu et non à gauche, tandis que les cinq boutons servent à présent de sélecteurs d’entrées et de volume, en plus du premier légèrement détaché, toujours dévolu à la mise en veille.

À l’arrière, un interrupteur placé juste à côté de la prise secteur permet de totalement éteindre l’amplificateur, tandis qu’un rectangle divisé en quatre offre d’intégrer deux sources en asymétrique RCA et deux en symétrique XLR, l’une de ses entrées pouvant passer en programmation home cinéma pour utiliser l’Origine A2 evo en simple amplificateur de puissance si la demande en est faite lors de la commande.

Plus à droite et évidemment placées sur un circuit imprimé totalement séparé à l’intérieur, deux paires de borniers WBT Nextgen permettent de brancher une paire d’enceintes par fiche banane ou fourche. Tous ces connecteurs sont intégrés sur la plaque de méthacrylate, tandis que l’aluminium anodisé reprend ses droits à l’extrême droite du panneau arrière, du côté de l’appareil dévolu à un large dissipateur thermique, lui aussi en alu.

La technologie interne ne cherche pas à réinventer la façon de fabriquer un amplificateur, mais combine les meilleures procédés connus, dont celui d’un transformateur torique de grande puissance (1 000 VA) pour l’alimentation, ou encore l’utilisation d’un amplificateur opérationnel pour réguler la tension. Ceux-ci sont associés à seize condensateurs électrolytiques en aluminium Vishay 105 °C (4700 µF) à durée de vie ultra longue, montés sur un support en Delrin®, homopolymère acétal créé par l’entreprise DuPont, dont les propriétés sont là encore la rigidité et la résistance aux fortes variations de température. Parmi les principales améliorations de la version evo, de nouvelles résistances amagnétiques à couche mince nickel-chrome ou en carbone aggloméré ont été ajoutées en amont du potentiomètre, tandis que l’étage de sortie est retravaillé autour de quatre transistors push-pull Mosfet à très haute capacité (16 A), pilotés par un ensemble de transistors bipolaires, avec pour résultat de mieux stabiliser les boucles de contre-réaction et donc de gagner en amortissement, afin d’apurer le signal. Pour relier les circuits imprimés à quatre couches, des limandes non tendues ainsi que des câbles en cuivre monobrin sont utilisés, avec un souci là encore permanent d’arriver au but ultime de Neodio : zéro vibration. À l’amplificateur s’ajoute une télécommande de série, la même que celle du lecteur CD, fine et bien dessinée pour permettre de gérer à distance les fonctions de base, volume et entrées, ou même la lecture CD pour les heureux possesseurs d’un Origine Sl ou S2.

Ajoutons que, perturbés par le fait de ne pas trouver certaines informations tels que la réponse en fréquence ou le taux de distorsion, nous avons contacté le créateur de l’appareil, Stéphane Even. Celui-ci a alors su totalement effacer nos doutes quant au fait que ces données n’auraient pas été inscrites car défavorables : en réalité, elles ne sont pas indiquées car ce type de spécification n’intéresse que peu l’ingénieur, concentré sur la qualité musicale. Sans circuit de filtrage, la bande passante pourrait donc ici culminer à 2 MHz, mais elle est limitée autour de 200 kHz, niveau déjà très supérieur aux capacités de l’oreille humaine, tandis que le THD est annoncé inférieur à 0,01 %.

L’INSTALLATION

De même que l’Origine S2 est avant tout un lecteur CD, l’Origine A2 evo est avant tout un amplificateur intégré stéréo. On peut donc certes demander une option pour en sortir par son bloc de puissance uniquement, mais globalement, il sert à y intégrer des sources analogiques de qualité pour faire ressortir la musique sur des enceintes pouvant être gourmandes, puisqu’il délivre jusqu’à 2 x 150 W sous 8 ohms. L’installation de l’amplificateur se montre extrêmement simple, à condition de savoir où poser sa masse de 30 kg, déjà bien protégée des vibrations par ses pieds B1.
Notre modèle de prêt ne possédait pas de sortie home cinéma, nous avons donc réalisé les tests exclusivement sur ses entrées analogiques, RCA et XLR, pour un résultat sonore différent, intéressant à évoquer. Plusieurs sources numériques et analogiques lui ont été adjointes, ainsi que divers types de câbles et d’enceintes. Ces études ont alors surtout permis de mettre en avant la polyvalence du produit avec nos multiples sources analogiques et numériques, en plus de bien mettre en avant les voies sonores recherchées par Neodio et son créateur.

LE SON

D’abord branché en XLR, parce que nous écoutions un appareil concurrent dont la supériorité est flagrante lorsqu’il est utilisé sur ses entrées symétriques, l’Origine A2 evo a tout de suite fait ressortir l’identité sonore de Neodio: un son neutre et pur. L’écoute toujours souple témoigne d’un amplificateur qui cherche surtout à s’effacer pour laisser passer au plus naturel les informations de la source vers les enceintes. Évidemment, les prérequis d’un produit de cette gamme de prix imposent une image déjà bien détaillée, et c’est ce que l’on retrouve avec l’Origine A2 evo, jamais vraiment mis en défaut quelle que soit la source utilisée et l’ambitus sur spectre à traiter. En revanche, l’amplificateur ne cherche pas à sur-définir ou sur-étager les informations : il offre immédiatement une scène sonore ample en profondeur comme en largeur, toujours intégrée dans un plan global.

Branché ensuite en asymétrique, il démontre un résultat surprenant, car si la scène se referme un peu et donne au début l’impression d’une légère perte de relief, on remarque assez rapidement qu’elle est aussi plus cohérente et encore plus équilibrée qu’avec un branchement symétrique. Plusieurs essais de câbles ( de 300 à 5 000 €) ont permis de vérifier cette impression, et nous avons finalement terminé tous les tests avec des sources intégrées par les connecteurs RCA, car l’image mieux concentrée bénéficiait au naturel des timbres et surtout à l’équilibre et à la franchise des attaques, encore plus nettes. Sur des musiques rock, les voix ressortent avec une belle clarté, surtout lorsqu’elles se trouvent dans le bas-médium comme celle de Nick Cave, tandis que l’amplificateur se montre encore plus cohérent pour du jazz, du blues ou du classique. Évidemment, le fait que la marque cherche la pureté et l’intégrité profite aux musiques instrumentales plus qu’à l’électro. C’est donc avec une petite formation comme celle de Getz et Gilberto, ou sur un trio de Schubert que l’on profite à plein de la qualité des timbres et des couleurs de l’ Origine A2 evo. Testé sur des pistes bien plus complexes, comme Otello de Verdi dans la version Tullio Serafin référente, ou la 8′ Symphonie de Mahler par Gustavo Dudamel magnifiquement enregistrée à Los Angeles ( cf. VU mètre n°36), l’Origine A2 evo a réussi à maintenir une parfaite cohérence, tant sur l’étagement de la scène que sur la mixité des timbres, la ligne de sous-tension des contrebasses à l’introduction de l’opéra de Verdi ressortant parfaitement pour créer un grondement permanent sous les chanteurs et le chœur. Sur la symphonie de Mahler comme ensuite avec d’autres symphonies sans chœur ou encore sur des pistes de rock des années 1960 et 1970 (The Doors, Pink Floyd), le rendu toujours très aéré procure une écoute souple et lumineuse. À l’inverse, il ne propose pas un surplus de réalisme, comme chez Melody Gardot où l’on peut entendre plus distinctement les bruits de respiration ou de lèvres avec d’autres amplificateurs, tandis qu’on reste avec le Neodio exclusivement attentif au message musical.

NOTRE CONCLUSION

Au tarif de 19 900 €, le Neodio Origine A evo fait partie d’une gamme déjà peu abordable pour beaucoup de passionnés, mais son prix fait sa rareté en même temps qu’il s’explique par les qualités musicales et la recherche d’absolu du créateur de la marque bordelaise et de cet amplificateur intégré, Stéphane Even. Dans la pleine sonorité référente à la marque, il sait se marier à de nombreuses électroniques pour toujours délivrer un son empli de pureté, à même de rendre la scène lumineuse et aérée ainsi que les timbres naturels. D’une puissance confortable de 150 W par canal sous 8 ohms, l’Origine A2 evo sera capable d’emporter un large panel d’enceintes avec fluidité et souplesse. D’une distribution limitée, ce produit est à écouter directement à Bordeaux ou chez une petite sélection de revendeurs en France.

FICHE TECHNIQUE

  • ORIGINE : France
  • PRIX : 19 900 €
  • POIDS : 30 kg
  • TYPE D’AMPLIFICATION : Classe A/B
  • PUISSANCE NOMINALE : 2 x 150 W sous 8 ohms
  • SENSIBILITÉ : 570 mV
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